
Une quête abyssale et intime et par là-même, universelle.
Celle de chercher une chose, mystérieuse, fabuleuse, mythique ou mythologique, aux noms multiples mais innommable, dont on ne sait pas quelle est sa forme exacte, dans quelle zone géographique elle se trouve, si elle se laissera approcher. Ce que l’on sait, ou plutôt l’on sent, c’est sa très grande « valeur », et qui n’est pas une valeur marchande. On sait qu’à un moment de sa vie, il faut la trouver. Cela revêt une importance fondamentale. Une urgence absolue. Car c’est comme se trouver soi-même.
Le «Snark» est un alter-ego. Un autre soi-même, mais qui se serait trouvé lui-même, qui se suffirait à lui-même en quelque sorte ; alors que chacun de nous, dans son extrême faiblesse humaine, a besoin d’un autre, ou de quelque chose d’autre pour se sentir exister pleinement. Etre possiblement perfectible ou définitivement imparfait ? La vie est-elle constitutive de cette imperfection même ? Cette chasse à la Bête Fabuleuse se transforme donc insidieusement mais automatiquement en chasse à l’homme, une chasse à soi.
L’ambiguité de cette chasse-poursuite serait de trouver comme Thésée dans le labyrinthe, un être monstrueux, mi-homme mi-bête (le Minotaure), et non pas son double idéal. Ou serait-ce que le Monstre est justement cette part cachée de nous-mêmes qu’il nous faudra inévitablement affronter à un moment ou à un autre de notre existence ?




